Kagemusha – L’ombre du guerrier

Pour cacher la mort d’un seigneur japonais, son sosie, un ancien voleur, est propulsé à sa place. Renouant avec le film de samouraï, le maître Kurosawa signe un opéra épique et funèbre, l’un de ses chefs-d’œuvre.
À la fin du XVIe siècle, le Japon est déchiré par les guerres que se livrent les grands seigneurs féodaux. À la mort de Shingen Takeda, brutal chef de clan obsédé par le pouvoir, on installe à sa place son sosie, un brigand sauvé de la croix, afin de contenir les armées ennemies et de galvaniser le moral des troupes. D’abord dépassé par les événements, « l’homme ombre » (kagemusha) s’approprie peu à peu la grandeur de son rôle. Mais une fois la supercherie dévoilée, on veut le renvoyer à sa misère…

Apocalypse nô
Pour son vingt-septième opus, dont le tournage s’avéra aussi épique que le sujet, Kurosawa renoue avec le film de samouraï, faisant de la mort une danse minutieusement chorégraphiée, et de la guerre une joute rituelle réglée par les codes de l’honneur, du courage et de la vertu. Pour peindre la lente maturation de Kagemusha vers la plénitude intérieure face à une société qui refuse la vérité, il orchestre un opéra poétique, une symphonie spectaculaire portée par une théâtralité inspirée du nô, dont le souffle et la beauté transcendent le réalisme historique. Le mouvement de caméra initial, qui suit la course folle d’un messager, restera comme l’un des plus impressionnants travellings de l’histoire du cinéma. Le final constitue également un moment d’anthologie : la vision panoramique de ce champ de bataille couvert de cadavres de guerriers et de chevaux confine à la sublime horreur d’un Goya.

Où l’on retrouve des figures historiques de l’histoire du Japon.

Sur Arte – rediffusion jeudi 27 mai à 13:35 et VoD