Les chutes suivent une trajectoire oblique avec des composantes horizontales et verticales. Réduire la composante horizontale permet de limiter les blessures liées aux frottements avec des surfaces non adaptées. Cependant, il faut trouver un compromis, car cette composante horizontale absorbe aussi une partie de l’énergie du choc. En cas de chute contrôlée, l’absorption d’énergie se fait d’abord par le fléchissement des membres inférieurs et une transformation en rotation, réduisant les effets de frottement.
Lors de nos entraînements, il est de coutume de réaliser des suites de chutes en variant les formes et les amplitudes. C’est une très bonne chose qui nous permet de disposer d’une panoplie riche à utiliser dans les nombreuses situations qui se présenteront à nous dans notre progression.
Bien que l’aïkido ne soit pas destiné à être utilisé dans la rue, il est toutefois bon de se forcer à l’imaginer. Cela permet d’évaluer la pertinence de certaines de nos habitudes.
Ça va faire mal
Il est rare de chuter de façon strictement verticale. Généralement, on n’appelle pas ça chuter mais tomber. Pour autant, ce qui différencie vraiment chuter et tomber, c’est la dose de contrôle que peut y mettre celui qui est est l’acteur ou l’objet.
La chute suit donc une trajectoire oblique qu’on peut résumer, pour simplifier, par un vecteur (une flèche). Si vous avez suivi quelques cours de physique et que vous vous en rappelez, on peut décomposer ce vecteur en deux composantes : la composante verticale et une composante horizontale.
La composante horizontale, dans la vraie vie, va se traduire par un frottement après le contact avec le sol qui, s’exerçant entre une surface notoirement différente de celle d’un tatami et un corps vraisemblablement moins protégé par des vêtements légers que par un keikogi, se soldera par des blessures plus ou moins importantes. Soit un peu de couture et peut-être un peu de sutures.
On a donc intérêt à réduire la composante horizontale. Sans oublier, toutefois que ces frottements ont aussi pour effet d’absorber une partie de l’énergie qui se dégage au moment du contact. Sans cette incidence, avec la seule composante verticale, donc, le choc doit entièrement être absorbé par le corps sous forme d’une déformation élastique… et potentiellement de quelques dégâts. Il faut donc faire un compromis entre une composante horizontale nulle et une composante horizontale trop importante. Tout ça dans un temps très bref.
Dans l’hypothèse, très vraisemblable lors d’un mouvement d’aïkido, d’une chute contrôlée, même partiellement, une partie de l’énergie est absorbée par le fléchissement des membres inférieurs, le mouvement linéaire est transformé en rotation permettant de réduire les effets de frottement au moment du contact avec le sol et de réduire d’autant les conséquences. Mais imaginons un instant un ukemi sur un sol artificiel (trottoir, parking…) ; il y a fort à parier qu’on trouve la situation moins confortable que ce à quoi nous sommes habitués.
Aux armes
Une autre raison qui peut motiver une chute courte, compacte, fait intervenir les armes, notamment le jo ou le bokken.
Tenues à bout bras par tori, ces armes longues l’encombrent et seront moins efficaces si, après une chute, on se trouve très proche de lui : avec le jo, il aura de la peine à nous toucher ; avec le sabre, il craindra de se blesser lui-même en cas de mouvement mal maîtrisé.
©2022 – Saint-Nazaire Aikido – Reproduction interdite