L’entraînement pour agir sur le temps

A la recherche du temps perçu

Depuis Einstein, on sait que le temps n’est pas universel ; il est relatif à l’observateur.
Mais le grand homme parlait du temps « physique », du temps de l’Univers.

Il sera ici question du temps perçu, du temps individuel. Celui-là est forcément relatif puisqu’il est propre à chacun.

Tout le monde s’accorde pour trouver que le temps passe de plus en plus vite à mesure qu’on avance en âge. Tout se passe comme si la constante de temps personnel était ce qui sépare un événement nouveau d’un autre événement nouveau. Quand on vient au monde, tout, absolument tout est nouveau. Notre univers est envahi de choses nouvelles qui se bousculent à chaque instant et ce qu’on vit en une journée demandera, plus tard, beaucoup plus de temps pour se produire. La perception de l’écoulement du temps en est totalement chamboulée.

On peut d’ores et déjà se servir de ce principe en se plaçant en permanence dans un monde changeant, en apprenant le plus de choses possibles dans le maximum de domaines nouveaux possibles. Mais ça ne marche que dans le cadre d’une véritable curiosité. Si on le fait dans le seul but de « contrôler » l’écoulement du temps, la perception ressemblera plus à une peine qu’à un plaisir.


Graphique : quand on nait, 100% de ce qu’on vit est nouveau. A 7 ans, une chose sur deux est nouvelle et cette proportion diminue de plus en en plus avec l’âge…

On est donc face à deux temps qui se tiraillent l’un l’autre : le temps qui s’écoule au rythme du pendule de l’horloge et le temps intérieur qui bat au rythme des événements (partant du principe que seuls les événements nouveaux agissent sur ce rythme).

Dès lors, l’entraînement, c’est à dire la répétition, va éliminer le caractère nouveau des événements. En répétant encore et encore une même technique, on va progressivement pouvoir la mettre en oeuvre dans un ensemble de situations qui peu à peu seront de moins en moins nouvelles et même routinières. Notre cerveau va se décharger de la gestion de tous les mouvements composant cette technique et la confier à la mémoire de notre corps. Notre corps apprend. La réalisation de la technique deviendra alors « banale » à notre cerveau qui n’en tiendra plus compte et ne la percevra pratiquement plus. Du coup, ne lui sera présent que ce qui sera véritablement nouveau dans la situation et on aura l’impression que la technique se déroule presque au ralenti alors que le novice, saturé d’informations toutes nouvelles pour lui, subira une situation accélérée.

On constate ce phénomène dans tout apprentissage. Plus on est familier avec la situation, plus on dispose de temps pour la gérer puisqu’on n’a pas à s’occuper de tout ce qui est devenu banal et qu’on maîtrise. Il ne reste qu’à se focaliser sur la toute petite part de nouveauté que présente la situation alors que le débutant doit se battre avec tous les aspects du problème dans le même temps.

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