Moines Shaolin et samouraïs, mythologie guerrière, films de sabre et de kungfu… L’exposition « Ultime combat. Arts martiaux d’Asie » propose une immersion dans les arts martiaux d’Asie, à travers leurs histoires, leurs philosophies et leurs pratiques, aujourd’hui mondialisées.
Les disciplines martiales d’Asie unissent force physique et mentale, Elles puisent dans les techniques militaires et s’intègrent dans des systèmes de représentation du corps et du monde. En perdant leur fonction guemière, elles ont théorisé leur pratique et développé leur discours pour devenir des méthodes de développement de la personne.
Dans la seconde moitié du 20e siècee, le cinéma contribue à la mondialisation des arts martiaux asiatiques.
Les écoles martiales se forment dans des contextes philosophiques et religieux qu’elles ont adaptés à leur pratique sans contradictions et, parfois, a posteriori. Après avoir défendu leur monastère contre les bandits et servi dans l’armée impériale chinoise, les moines Shaolin assimilent l’entraînement physique à la méditation bouddhique. Les arts martiaux japonais modernes, budó, revisitent quant à eux les techniques de guerre des samouraïs, bujutsu, et leur lien avec le bouddhisme zen.
Le combat mythique, illustré par les arts hindous et bouddhiques venus d’Inde, donne une dimension divine à l’élite dirigeante de guerriers qui les a patronnés. Mais à côté de l’idéologie politique, l’image martiale doit se voir comme une métaphore de la connaissance et de la libération individuelle.
Force intérieure
À partir du 17e siècle, les arts martiaux se divisent entre écoles externes et internes. Les premières, dont les boxes de Shaolin, développent un style athlétique, utilisant la méditation bouddhique pour développer le souffle vital (qi), source de force physique et mentale. Les écoles internes, comme le taiji quan du mont Wudang, cultivent la force intérieure (jing) et l’élasticité du geste. À partir de pratiques issues du taoïsme et de la médecine cosmologique, elles renforcent le lien entre corps, esprit et souffles internes pour repousser les limites de la force physique.
Bushidô : la voie du guerrier
Le film de sabre, le judo et le karaté ont ancré les disciplines martiales dans l’image occidentale du Japon. Il est vrai que l’histoire du pays fut profondément marquée par les guerres féodales et le pouvoir des élites de guerriers (bushi).
Après l’instauration du gouvernement militaire en 1185, les bushi assument des fonctions politiques les conduisant à développer une culture lettrée, artistique et religieuse, en accord avec leur pratique martiale. Ce n’est cependant qu’à l’époque d’Edo (1603-1868) que se construit la figure classique du samouraï, homme d’épée et d’esprit, loyal jusqu’à la mort à la « voie du guerrier » (bushidô). Avec la fin des guerres féodales et l’usage des armes à feu, les anciennes techniques de combat (bujutsu) s’éloignent des champs de bataille. La paix conduit l’élite militaire à valoriser son héritage martial et à justifier son rang à travers l’enseignement des bujutsu, renforçant leurs dimensions théoriques et philosophiques.
En 1882, Jigorô Kanô fonde le judo à partir des techniques traditionnelles de combat à mains nues jûjutsu). Il ouvre ainsi la voie aux arts martiaux modernes (budô) qui seront bientôt promus pour éduquer la jeunesse et renforcer la nation.
Filmographie :
– Detective Dee — 2010, Tsui Hark
– The Monkey King 2 — 2016, Soi Cheang
– A Touch of Zen — 1971, King Hu
– The Grandmaster — 2013, Wong Kar-wai
– Hara-kiri — 1962, Masaki Kobayashi
– Ran — 1985, Akira Kurosawa
Du mardi 28 septembre 2021 au dimanche 16 janvier 2022